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Ecrire (avec) le moyenâge
6 juin 2015

Traduction

La traduction est le point de rencontre naturel entre le cours de langue et l'atelier d'écriture. Dans le premier elle est un exercice imposé par les épreuves des concours de l'enseignement, dans le second elle est un moyen de se confronter avec sa propre écriture en passant par la traduction de celle d'un autre.

A ce titre la traduction est un excellent exercice pour apprendre à écrire, pour "faire sa langue, comme le violoniste fait son son" comme l'écrit Proust dont Bergson avait remarqué qu'il avait réussi dans ses traduction de John Ruskin à "faire parler Ruskin en un excellent français", exercice qui contribua à conduire Marcel Proust vers l'écriture.

 

Mair Anouchka Reynaud

Traduction/réécriture de la laisse III de La prise d’Orange

 

C’était en mai, au printemps quand les bois fleurissent, les près verdissent, les rivières redevenus calme regagnent leur lit, les oiseaux chantent doucement et harmonieusement. Le comte Guillaume s’était levé tôt pour aller à la messe. Une fois la messe fini, il rentra au Palais d’Otran, cet infidèle ! Il l’avait gagné grâce à sa grande audace.

Appuyé sur le bord d’une des grandes fenêtres, il regardait le paysage : l’herbe fraîche, les rosiers bien entretenus, des grives et des merles qui chantaient. Il se souvint alors de la belle vie qu’il menait habituellement en France.

Guillaume appela son cher neveu et lui demanda de s’approcher : « Lorsque nous avons quitté la France nous n’avons rien emporté : ni musicien, ni artiste, ni fille légère pour nous distraire. Pourtant nous avons (assez) de  bon chevaux, de résistantes armures, de solides casques dorés, d’épées tranchantes, de boucliers résistants, de bonnes lances bien taillées, de pain, de vin, de viandes salées et de blé. Que soient maudits les arabes et les slaves qui nous laissent tranquillement dormir et nous reposer ! Parce qu’ils n’ont pas daigné traverser la mer, aucun d’entre nous n’a pu faire ses preuves et, ici, l’inaction m’est insupportable ! Nous sommes enfermés entre ces murs comme des prisonniers. » Il fut fou d’ainsi se plaindre, car, avant même que la nuit n’arrive et que le soleil se couche il allait apprendre une nouvelle qui l’affligerait et le rendrait furieux.

Anonyme

Réécriture en français courant de la laisse trois de la chanson de geste La Prise d’Orange

 

C’est au mois de mai au printemps quand les bois fleurissent, la prairie de nouveau verte, les rivières, redevenues calmes, regagnent leurs lits, les oiseaux chantent en harmonie. Le comte Guillaume se lève de bonne heure et se rend à l’église pour assister à la messe ; à la fin de l’office, il sort puis monte au palais qu’il avait conquis et qui appartenait à Otran, un homme audacieux. Il s’appuie aux grandes fenêtres, et se souvient alors de la belle vie qu’il menait en France. Il appelle son cher neveu Bertrand et lui demande de s’approcher : « Lorsque nous avons quitté la France nous n’avons rien emporté : ni musiciens, ni artistes, ni filles de joies pour nous distraire, pourtant nous avons assez de bons chevaux, des armures résistantes, des casques dorés et solides, de tranchantes épées, de robustes boucliers, de bonnes lances, du pain, du vin et de la viande salée. »

 

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Ecrire (avec) le moyenâge
  • Ce blog présente les textes écrits par les étudiants de l'université d'Aix-Marseille au cours de l'atelier d'écriture "Ecrire (avec) le moyen âge, animé par Jean-Marc Quaranta, au premier semestre 2014-2015
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